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LA COUCHE EST PLEINE
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LA COUCHE EST PLEINE
2 juillet 2009

Pour le meilleur et pour le kir

van_gogh_terrasse_cafe_l

Un soir d'été à Paris. Le soleil fait de la résistance. Ses derniers rayons mordent les nuques. Pour une fois, moi et Ma Sublime on est sortis en même temps du boulot, on a donc pris le métro ensemble et on a décidé de se poser en terrasse place de la Nation. Pas le meilleur spot du monde pour la convivialité. Ce triste carrefour coincé entre trois arrondissements est trop occupé à aspirer et recracher par centaines ses piétons, Vélib', scooters et voitures pour se soucier d'être poli et élégant. Et vous allez le voir, même après des années à fréquenter ce quartier aux airs de vieux voisin bougon mais au final sympa, on ne se lasse pas de lui tirer les poils de la moustache pour le faire râler.
Bref, on s'assoit.
-Là, on est bien là, non ?
-Nickel.
Le serveur passe. Ne nous voit pas. Repasse. Pareil. Un autre couple s'installe lui aussi, juste derrière nous. Moins patients (moins cons ?), ils interpellent direct le pingouin en citant carrément un demi-fraise et un Perrier s'il vous plaît vous serez gentil.
Le serveur se retourne, se redresse, se racle la gorge. Et arrive vers nos deux tables d'un pas vitaminé. On est en début de service (19 h 35), son gel force 6 tient super bien. Il parle :
-(à deux doigts de lui coller un pain) Madame, désolé, là, on va passer en restaurant.
-(glaciale) C'est juste pour un verre... On verra bien après, non ?
-(comme s'il chantait la Marseillaise les yeux bandés face à un peloton d'exécution, genre j'ai plus rien à perdre) Non, madame, SI VOUS VOUS METTEZ LÀ IL VA FALLOIR MANGER !
Pas difficile de comprendre que c'est mort, alors Ma Douce et moi on se lève et on commence à se barrer, moi ouvrant le bal. Mais Ma Moitié garde toujours une ou deux banderilles dans son sac à main pour ce genre d'occasions. Et la voilà, tel l'innocent Titi, postillonnant au nez de notre gominé un vénéneux : "Oh mais on sait bien que vous n'y êtes pour rien, que ce n'est pas votre faute à vous" (sous-entendu : "Toi, on te plaint, on a bien pigé que tu n'es qu'un sous-fifre de brasserie interchangeable hein, tu peux crever la gueule ouverte dans ta bile"). On s'est presque barrés en courant, chassés par ses rugissements : "AH MAIS MADAME, JE SAIS EXACTEMENT CE QUE J'AI À FAIRE FIGUREZ-VOUS et c'est pas vous qui allez m'apprendre...." Et bla, bla, bla (il commençait à se la jouer maître coq, le poing sur la hanche et le torse bombé, le menton tremblotant).

Tout ça, ça m'a donné envie d'un bon gros kir. Tu sais, cette boisson écoeurante et sucrée qui ne sert qu'à une chose : te saoûler gentiment la tête comme un gros bonbon, t'emmailloter la cervelle d'une doudoune ouatée confortable comme le lit de Barbara Cartland. J'aime bien, par moments.

On a visé un pub, à deux pas de la brasserie. Je suis pas idiot. Je sais qu'au pub, tu vas commander toi-même au bar. Ma Douce s'installe en salle et pendant ce temps, moi je me pointe avec ma demande : "Deux kirs mûre, siouplé". Tu sais quoi ? Je me suis fait engueuler : "Ah mais monsieur, ça se passe en salle, les commandes, nous on est occupés, là !"

(...)

On sirote enfin nos boissons, vingt minutes après être sortis du métro, dont la bouche est face à nous. On cause boulot, parce qu'en ce moment il s'y passe plein de trucs qui sentent pas très bon, puis de La Petite, qu'on fait garder, ce soir. La deuxième tournée nous démange. Le serveur - sympa, celui-là - repasse, lance la commande illico et nous gratifie d'un passage de torchon approximatif sur le bord de la table (ce qui est bon signe). Il sourit, nous dit tout fier que ce soir, il est en week-end. "Un mardi ? Bah ça ! C'est pas commun", je lui dit. Il nous explique que c'est sûr, mais qu'il a bossé tout le week-end, donc que c'est normal. Il apporte nos deuxièmes kirs et nous souhaite de bien nous éclater, que c'est pas tous les soirs qu'on peut faire la fête. On lève nos verres dans sa direction en le regardant partir. Un serveur sympa. Mais je l'ai déjà dit.

Les gorgées sucrées et froides apaisent la tension de la journée. On est bien. Ma Douce porte une robe vaporeuse, j'ai relevé les manches de ma chemise. Qui colle un peu. C'est le top départ rêvé pour une soirée improvisée. Ma Sublime entoure le pied de son verre de ses doigts fins, le fait tourner, le porte à ses lèvres, en aspire une belle lampée, les yeux perdus vers la pendule murale Guiness... ET D'UN SEUL COUP S'ÉTRANGLE ! Elle tousse, tousse, tousse... S'essuie le menton d'un revers de main et me lâche, les larmes aux yeux et la voix étranglée : "PUTAIN MAGNE-TOI, ON VA LOUPER LA RÉUNION DE PRÉPARATION AU BAPTÊME !!!" La vache. J'avais pas vu l'heure tourner. On a payé, on a bondi de nos chaises, on s'est pointé à la paroisse en sueur, rouges, les gens avaient déjà commencé à décliner leurs prénoms et pourquoi ils étaient là, mais coup de pot, avant que le tour de table ne soit terminé, on s'est présenté le plus dignement possible en soufflant notre joie d'être là d'une haleine avinée. Forcément, j'avais fini mon paquet de chewing-gums dans le métro, à l'aller. Comme un con.

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Commentaires
C
excellent blog!!! je me régale:))) pour un peu çà me ferait aimer le "KIR" ;)
P
(Une seule faute en cinq mots dans ton dernier message, c'est plutôt encourageant !)
P
Ne te sous-estime pas, je trouve que tu fais déjà des progrès ! Mais si, mais si !
E
ya vraiment des cons ici
E
si mon orthographe te plait pas <br /> c est ton probleme c est tout j ecris come je peu BORDEL
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